Des horizons infinis by Jacynthe-Mona Fournier

Des horizons infinis by Jacynthe-Mona Fournier

Auteur:Jacynthe-Mona Fournier [Jacynthe-Mona Fournier]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman historique
Éditeur: JCL
Publié: 2022-10-24T04:00:00+00:00


15

En janvier 1948, Pauline commença à se renseigner sur ses projets. Elle réalisa rapidement qu’il lui manquait un cours classique avant de pouvoir être admise à l’université. Sans hésiter, elle prit rendez-vous au Collège Notre-Dame-de-Bellevue. L’institution, dirigée par les Sœurs de la Congrégation Notre-Dame, donnait les cours classiques pour les filles jusqu’au baccalauréat. En 1937, le couvent était devenu un collège lorsque l’Université Laval avait accordé l’affiliation collégiale à l’institution.

Le jour de l’entrevue, Pauline fut introduite dans le bureau de la directrice.

— Bonjour, sœur Sainte-Anne, je vous remercie de bien vouloir me recevoir, dit-elle en lui serrant la main.

— Veuillez vous asseoir, madame Levasseur, et dites-moi ce que nous pouvons faire pour vous.

Pauline lui expliqua qui elle était et en quoi consistait sa requête. Lorsqu’elle eut terminé, la religieuse se leva et se dirigea vers l’une des fenêtres de son bureau.

— Venez ici, madame Levasseur, et regardez attentivement la cour de récréation. Qu’y voyez-vous ?

— Eh bien, je vois des enfants, des filles en uniforme qui s’amusent.

— Je n’oserai pas vous demander quel âge vous avez. Mais malgré votre jeunesse apparente, vous êtes trop âgée pour faire partie de cette école.

Devant la mine désolée de la jeune dame, la religieuse continua :

— Revenez vous asseoir, nous allons discuter. Même si ce projet vous tient à cœur, vous ne pouvez pas être admise dans cette institution. Cependant, j’ai toujours admiré une femme qui avait l’ambition et le désir de poursuivre ses études. Saviez-vous… je peux vous appeler Pauline ? Saviez-vous, Pauline, reprit-elle, que bien des jeunes filles possédaient le talent pour poursuivre leurs études, ainsi que le désir de le faire ? Vous seriez surprise d’en connaître le nombre. Pourtant, pour la plupart des familles, il n’en était pas question, soit par manque d’argent, soit parce qu’une paire de bras était essentielle à la bonne marche d’une ferme, soit pour toute autre raison. Dans notre société actuelle, le rôle des femmes n’occupe pas la même priorité que celui des hommes. Le seul moyen que certaines de ces jeunes filles ont trouvé pour s’instruire et exercer un métier en toute liberté a été, et est encore, de rejoindre une communauté religieuse et de prendre le voile. De cette façon, elles pouvaient accéder à des postes presque égaux à ceux de bien des hommes et, comme vous le savez, personne ne refuse à une religieuse un poste de dirigeante dans une institution, ou d’administratrice, de médecin, et j’en passe. Tout ça pour vous faire comprendre que je respecte et que j’admire ce que vous avez accompli jusqu’à aujourd’hui. Il ne serait pas juste de vous refuser la chance de poursuivre vos études.

— Sœur Sainte-Anne, permettez-moi de vous demander : étiez-vous une de ces femmes qui désiraient continuer à s’instruire ?

— Oh oui ! J’avais la vocation, je ne peux le nier, et je désirais apprendre. Bien sûr, il y a un coût à payer. Avez-vous des enfants ?

— J’ai deux magnifiques garçons, des jumeaux qui auront neuf ans cette année.

— C’est le plus grand plaisir de la vie auquel j’ai renoncé. Mais Dieu, dans sa bonté infinie, m’a permis de côtoyer des enfants tous les jours.



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